Les amphores du siège d'Alise-Sainte-Reine

 

« Elles constituent sans conteste la catégorie céramique la mieux représentée. Des fragments d'amphores Dr. 1 ont en effet été mis au jour de façon systématique dans les fouilles extensives. Parfois, ils constituent le seul matériel céramique identifiable avec l'épisode du siège.»

« Du point de vue typologique, les différents éléments de forme recueillis apportent des indications cohérentes permettant de dresser le portrait-robot d’une variante d’amphore qui, d’après tous les critères disponibles, est identifiable avec la forme Dr.1B (1). »

« Quoiqu’il s’agisse d’un ensemble quantitativement restreint, ce qui réduit un peu son intérêt, on dispose d’un faciès typologique bien daté et limité dans le temps, dont la caractéristique principale réside dans la présence quasi-exclusive d’amphores de type Dr.1B.

Cette donnée est parfaitement cohérente avec les analyses les plus récentes concernant l’évolution des amphores Dr.1 qui ont bien mis en évidence en particulier l’importance fondamentale de la résidualité de ce type de matériel sur les sites à chronologie longue (2). »

Amphores italiques. Ancienne caserne Niel. Saint-Roch.  Toulouse. Crédit : ARCHEODUNUM
Amphores italiques. Ancienne caserne Niel. Saint-Roch. Toulouse. Crédit : ARCHEODUNUM

« Il ressort de diverses études que l’amphore Dr.1B constitue le type massivement distribué dans la période couvrant les années –80-70 et la conquête césarienne. En corollaire la présence d’amphores Dr.1A dans les contextes de la deuxième moitié du 1er siècle doit être interprétée prioritairement en terme de résidualité.»

« L'ensemble d'Alésia est un jalon ponctuel mais important dans l'évolution des Dressel1. Il confirme qu'au milieu du 1er siècle, la forme Dr. 1B est, sinon seule importée, du moins très largement dominante (3). « 

 

En d'autres termes, nous avons dans les travaux de siège à Alise-Sainte-Reine une même catégorie d'amphore vinaire italique, le type Dressel 1B.

Ce type tel qu'il se présente en Gaule et selon toutes les études disponibles, se retrouve en forte quantité sinon en majorité, dans tous les ensembles archéologiques du milieu du 1er siècle avant notre ère.

Ce faciès amphorique est donc parfaitement en accord avec la chronologie proposée pour le siège alisien, soit 52 av. J.-C., cet indice contribue donc, comme tous les autres, à renforcer l'idée selon laquelle nous aurions bien affaire ici aux travaux effectués par César.

 

Chute brutale des importations d’amphores vinaires italiques après Alésia ?

 

Les importations de vins en Gaule au 1er siècle av. J.-C. :

Lieux de production des amphores vinaires italiques type Dressel. Crédit : M. Poux.
Lieux de production des amphores vinaires italiques type Dressel. Crédit : M. Poux.

P. Barral : « Il ressort de diverses études que l’amphore Dr.1B constitue le type massivement distribué dans la période couvrant les années –80-70 et la conquête césarienne. Sa sous-représentation globale sur les sites de Gaule interne traduit avant tout une régression rapide des importations d'amphores Dr.1B, située par certains après 50 (4), amorcée pour d'autres dès les années 80 (5), et une disparition quasi complète de ce type d'amphore vinaire dans les années 40-30 ».

 

D'après l'auteur du rapport la présence quasi-exclusive d'amphores Dressel 1B dans les fossés et travaux de sièges autour d'Alise-Sainte-Reine s'expliquerait de deux manières :

 

1) Importation massive entre 70 et 50 av. J.-C.

2) D'où omniprésence en 52 av. J.-C., situation qui ne peut se produire postérieurement car disparition du type très rapidement après le milieu du premier siècle av. J.-C.

 

Malgré l'hypothèse défendue en note (5), le point 1 ne semble pas réellement faire débat mais qu'en est-il du point 2 ?

Il y aurait donc chute massive des importations après 50 av. J.-C., du moins c'est l'opinion qui semble prévaloir chez certains auteurs à la fin des années 90, au moment où se rédige le rapport sur les fouilles franco-allemandes, il convient donc de vérifier si les études postérieures à 2001 ont permis de conforter cette hypothèse.

Dès 2003, F. Olmer affirme le contraire, pour elle, l'oppidum de « Bibracte (Bourgogne) continue à recevoir des importations très nombreuses, tout comme d'autres sites (6)».

En 2008, M. Séguier et G.Auxiette constatent qu'entre 50 et 30 av. J.-C. le nombre d'amphores Dressel 1 décompté à Etigny (Bourgogne) s'oppose, une fois encore, au modèle théorique qui veut que le commerce des vins italiques s'effondre après la conquête, et ils concluent que « l'ensemble d'Etigny permet de souligner la vigueur des importations de vins italiques à une période où celles-ci sont réputées péricliter (7). »

En 2009, le rapport sur les fouilles de l'oppidum de Gondole (Auvergne) démontre que les amphores Dressel 1 « continuent d'être largement importées dans les décennies qui précédent et suivent la conquête ». Et il conclut que la quantité d'amphores présentes sur le site « ne traduit aucun fléchissement de la consommation dans les décennies qui suivent la Guerre des Gaules (8). »

En 2010, une étude sur l'ensemble du territoire s'étendant au nord de la Seine, affirme que postérieurement à la conquête « les importations continuent et se développent dans les camps militaires (9)».

En 2010 toujours, un ouvrage sur le site de Molesmes (Bourgogne) fait état d'une importante quantité d'amphores Dressel 1 mises au jour dans des niveaux postérieurs au milieu du premier siècle av. J.-C. et notamment au début de la période augustéenne(10). Cette observation correspond à celle déjà observée au nord de la seine (11).

 

Clairement et contrairement à ce que l'on pouvait en attendre, toutes ces études démontrent non seulement que la chute supposée des importations d'amphores italiques après 50 n'a pas eu lieu, mais surtout que les travaux sur lesquelles s'appuyait la démonstration de P. Barral sont en partie caduques ou inadaptés (cf. notamment Poux et Selles, note 5).

La période favorable à l'hégémonie des amphores Dressel 1B n'est donc pas limitée aux dix années qui précédent le milieu du 1er siècle, mais peut, suivant les sites et les situations se trouver rallongée d'au moins 20 ou 30 ans.

Les quatre types d'amphores républicaines italiques. Crédit : F. Olmer
Les quatre types d'amphores républicaines italiques. Crédit : F. Olmer

 

Les amphores de type Dressel 1B :

 

P. Barral : « On dispose d’un faciès typologique bien daté et limité dans le temps, dont la caractéristique principale réside dans la présence quasi-exclusive d’amphores de type Dr.1B ».

 

Nous avons constaté précédemment, au travers de quelques études significatives, que le niveau et la longévité des importations en amphores vinaires italiques de type Dressel 1B étaient en réalité très différents de ceux proposés pour situer dans le temps le siège qui a concerné Alise-Sainte-Reine, mais est-ce aussi le cas, sur d’autres sites d’importance, ailleurs en Gaule ?

 

En dehors des exemples déjà présentés : Bibracte, Etigny, Gondole, Molesmes, qui tous attestent de la présence massive des amphores Dressel 1B après 50 et parfois jusqu'à la fin du siècle, d'autres, indifféremment situés du nord au sud, peuvent aussi être révélateurs :

 

-La chaussée-Tirancourt (Picardie) : « Le matériel découvert provient essentiellement de la chaussée qui traverse la porte principale. (...) des amphores, dont des Dressel IB (…). L'ensemble date certainement de la seconde moitié du premier siècle av. J.-C. La céramique à paroi fine est datée de 30-20 av. J.-C, les fibules sont datées vers 50-40 av. J.-C. et la numismatique confirme avec une fourchette de 40 à 25 av. J.-C. Parmi les amphores trouvées (fig. 17) il y a surtout des Dressel I (12)».

 

-Ribemont-sur-Ancre (Picardie) : Les amphores (quelques individus) « appartiennent à des unités stratigraphiques de la fin du 1er siècle av. J.-C. Il s'agit d'un ensemble homogène d'amphores républicaines de type Dressel 1 avec plusieurs type de pâtes (13)».

 

-Pommiers (Picardie) : « Les amphores issues de prospections qui n'ont pas pu être étudiées ici, sont estimées à plus d'une centaine . Ce sont principalement des Dressel 1 (…) Seules les amphores du niveau le plus récent seront étudiées (14)».

 

-Le Titelberg (Luxembourg) : « on pourra proposer dans l'état présent de la recherche, les deux décennies de l'après-Guerre des Gaules ainsi que peut-être les années 60/50 pour cette phase, donc grosso modo la durée d'une génération. Ce sera surtout l'étude de la nécropole de Lamadelaine qui nous permettra de compléter largement le diagramme des formes de cette période, qui dans l'oppidum sont associées (…) à des amphores Dressel IB tardives (15)».

 

-Corent (Auvergne) : « Phase III - Le comblement sommital des fossés inclut une ultime phase de dépôt, contemporaine ou immédiatement antérieure à la destruction de l'enclos. Il se distingue des niveaux précédents par son faciès plus évolué : (...) effacement des Dressel 1A au profit des types Dressel IB et 1C, situent sa datation à La Tène D2b, entre 50-30 av.J.-C. (16)»

 

-Gergovie (Auvergne) : Les amphores républicaines, très majoritairement constituées de Dressel 1B, sont encore très présentes pendant la période augustéenne (phase 3) : « Pour cette phase, les amphores républicaines sont en recul mais comptent toujours pour les 2/3 du mobilier amphorique présent (17)».

 

-Lattes (Languedoc-Roussillon) : Amphore A-ITA Dr1B : « L'attestation de nombreux exemplaires durant la deuxième moitié du siècle indique certainement que l'importation a duré nettement après 50, notamment dans la région en cause (18)».

Amphore de type Dressel 1B. Crédit : E. Marlière ;
Amphore de type Dressel 1B. Crédit : E. Marlière ;

Sur une grande partie du territoire, à l’exception de certaines régions qui semblent présenter des niveaux d'importation différents, comme la région Lyonnaise ou l'atlantique (19), il n'y a pas d'ambiguïté, la présence hégémonique de la Dressel 1B ne se trouve contestée qu'à partir de l'époque augustéenne.

Question : cette hégémonie est-elle déjà incontestable au moment de la fin de la Guerre des Gaules, comme l'affirme le rapport de fouille sur Alise-Sainte-Reine ?

 

Les amphores de type Dressel 1 A :

 

P. Barral : « En corollaire la présence d’amphores Dr.1A dans les contextes de la deuxième moitié du 1er siècle doit être interprétée prioritairement en terme de résidualité ».

 

L'amphore Dressel 1A (parfois simplement dénommée Dressel 1) est le type qui est importé avant l'arrivée des Dressel 1B dans les années 80-70.

Si on en croit le rédacteur du rapport (qui ne se prononce que sur la période postérieure à la Guerre des Gaules), ces amphores ne seraient plus importées au milieu du siècle et ne seraient donc présentes en fouille que de manière très résiduelle.

 

Cette affirmation semble fondée si on observe les cargaisons importées par bateaux et retrouvées au fond de la Méditerranée majoritairement constituées de Dressel 1B (20). Mais cela signifie-t-il pour autant qu'en 52 av. J.-C. Les Dressel 1A seraient absentes ou si minoritaires qu'elles ne pourraient constituer qu’une part négligeable des amphores mises au jour ?

En réalité, il suffit de reprendre la plupart des études précitées pour se rendre compte qu'au moment de la Guerre des Gaules la proportion de ces récipients est encore relativement importante.

 

Comme à Etigny par exemple : « La typologie des amphores s'accorde sans difficulté à la datation proposée. Comme cela est désormais acquis, la coexistence des variantes Dressel 1B et Dressel à lèvres courtes (1A) est une constante au 1er siècle avant J.-C. même dans les ensembles postérieurs à la conquête (Metzler et alii, 1991). (21)»

 

Mais aussi sur l'oppidum de Villeneuve-Saint-Germain dans un contexte milieu-troisième quart du 1er siècle av. J.-C. (22).

 

Où à Arras actiparc : « La céramique retrouvée dans ces niveaux confirme l'appartenance des lieux à la sphère militaire, avec notamment plus d'une centaine d'amphores de type Dressel 1a, 1b (...) L'étude du mobilier montre une occupation brève des lieux qui s'échelonne des décennies 50-40 av. J.-C. jusqu'à la première moitié du 1er siècle après J.-C. (23)»

 

Toutefois, la question qui reste primordiale est celle de la présence ou pas des amphores Dressel 1A à Alise autour du milieu du siècle, question à laquelle ne répond pourtant pas le rapport qui ne fait aucun parallèle entre les amphores trouvées dans les travaux de siège et celles exhumées vers la même époque sur l'oppidum (24).

Il existe pourtant des études sur les amphores retrouvées dans les niveaux gaulois les plus précoces de l'oppidum, en particulier celle de M.Mangin qui date de 1981, riche d'enseignements (25) :

 

M. Mangin dans son étude du quartier des artisans et des commerçants a déterminé 6 phases chronologiques, le premier horizon étant qualifié de 1a et daté approximativement du milieu du 1er siècle av. J.-C., jusque vers 10 ap. J.-C. Cet horizon a livré une nette majorité d'amphores Dressel 1A (17 Dr. 1A et 9 Dr. 1B), ce qui implique que nous aurions bien encore dans la deuxième moitié du 1er siècle avant notre ère une mixité des deux types d'amphores. Et par conséquent, des amphores de type Dressel 1A en proportion relativement importante à la fin de la première moitié du premier siècle.

A noter qu'un atelier de bronzier dénommé «  atelier 32 » dont l'occupation aurait débuté pendant l'horizon chronologique 1a pour se poursuivre pendant l'horizon I b (postérieur à + 10), ne contient que des Dr. 1B, ce qui semble cohérent avec ce que nous avons déjà observé si on se situe là à la fin du premier siècle av. J.-C.

Il est alors à remarquer que nous aurions à l’époque supposée du siège d’Alise deux facies amphoriques distincts, un unique dans les travaux de siège et un mixte sur l’oppidum...

 

Enfin, à Saint-Gence, village gaulois du limousin qui a livré un nombre considérable d'amphores vinaires (dont un quart de greco-italiques du IIème siècle av. J.-C. ce qui est exceptionnel), une première occupation débute dans le courant du deuxième siècle et se termine peu avant la Guerre des Gaules, vers 70 av. J.-C. elle n'a livré aucune amphore Dressel 1B, le faciès étant très majoritairement composé de Dressel 1A (26).

Cette simple constatation sur un site soumis à importations régulières de vin italique implique que l'arrivée des Dressel 1B dans le nord de la Gaule ne débuterait qu'après 70 ; est-il dès lors possible qu'en moins de 20 ans le nouveau type puisse éclipser totalement l'ancien ?

Amphore de type Dressel 1A. Crédit : E. Marlière.
Amphore de type Dressel 1A. Crédit : E. Marlière.

Tous ces exemples indiquent qu'en 52 av. J.-C. les amphores de type Dressel 1A sont encore très présentes un peu partout en Gaule, alors pourquoi le siège alisien ne compte-t-il que des Dressel 1B au fond des fossés ?

 

 

Alise-Sainte-Reine ; un siège postérieur à 52 av. J.-C. ?

 

De très nombreuses études, importantes, démontrent que les importations d'amphores vinaires restent soutenues après la conquête de la Gaule par César, contrairement à ce qui était affirmé au moment de la rédaction du rapport de fouille de 91/97.

De nombreuses études démontrent aussi que les Dressel 1B sont présentes, en masse, sinon en majorité, parfois jusqu'à la fin du premier siècle avant notre ère.

Elles démontrent donc que la situation constatée autour d'Alise pourrait avoir eu lieu de nombreuses années après la fin de la Guerre des Gaules.

 

Et la présence en proportion encore importante d'amphores de type Dressel 1A sur de nombreux sites vers le milieu du premier siècle av. J.-C., y compris à Alise, implique que cette même proportion aurait dû se retrouver dans les travaux de siège.

Toutes ces constatations, qui vont dans le même sens, semblent confirmer que l'événement qui a eu lieu autour du site d'Alise-Sainte-Reine se situerait bien, après le milieu du premier siècle.

 

Une autre étude, postérieure à la sortie du rapport et sur un site lui aussi bourguignon, appuie cette observation, il s'agit d'une fouille effectuée par P. Barral (27) qui au lieu d'appuyer ses constatations précédentes, les invalide :

« La présence militaire à la fin de LT D2 et au début de l'époque augustéenne, dans la zone cultuelle, est par ailleurs clairement suggérée par des éléments mobiliers, peu nombreux mais tout à fait caractéristiques (clou de chaussures de légionnaire, fibule type Aucissa précoce, statère d'Auguste).La datation de ces dépôts, centrée sur les années 40-20 serait tout à fait acceptable pour la grande enceinte militaire (...). A cette phase correspondent un faciès amphorique particulier (Dr.1B exclusivement) ».

 

On le constate, P. Barral lui-même confirme que le siège alisien aurait pu avoir lieu entre 40 et 20 av. J.-C. (si on se base uniquement sur le faciès amphorique), mais qu'en est-il sur les autres sites de la Guerre des Gaules ?

 

A Gergovie, sur l'emplacement attribué au petit camp, il n'a été retrouvé que des Dressel 1B (28), le faciès est donc le même qu'à Alise-Sainte-Reine mais nous avons vu précédemment que sur le site auvergnat ces amphores étaient présentes de manière quasi exclusive pendant le troisième quart du premier siècle avant notre ère (assez nettement, bien que le dernier quart en contienne aussi beaucoup, cf. note 17) , ce qui d'évidence ne conforte pas plus une datation en 52 av. J.-C.

Il faut alors se tourner vers le Puy d'Issolud, lieu supposé de la bataille d'Uxellodunum en 51 av. J.-C., pour obtenir un faciès conforme à celui observé partout ailleurs sur les sites autour du milieu du premier siècle avant notre ère :

Les principaux résultats des recherches modernes dans ce domaine sont issus de la fouille de la butte BU 10 : « (…) 14 fragments d'amphores attribuables au type Dressel 1B (…). Le mobilier archéologique de l'éboulis supérieur comprend de l'amphore Dressel 1B (…). Les recherches dans la butte BU1 ont mis au jour (…) 38 fragments d'amphores de type Dressel 1A/1B. » Une diaclase naturelle à été aménagée et la fouille a révélée « des fragments d'amphores Dressel 1A/1B (…). A l'est, la présence de fragments d'amphores du type Dressel 1/1B (...) (29)».

 

Il n'y a pas là ambiguïté ! Sur un événement de la Guerre des Gaules, de peu postérieur à celui d'Alésia, on retrouve en fouille, un faciès amphorique mixte comprenant Dressel 1A et 1B, faciès parfaitement conforme à celui qui est majoritairement retrouvé dans les régions en Gaule à cette époque.

Force est de constater que ce n'est pas le cas à Alise-Sainte-Reine, spécificité liée au siège ? Ou, plus probablement, datation à revoir ?

 

 

ANNEXE :

Principes de circulation des classes d'amphores tardo-républicaines. Crédit F. Olmer
Principes de circulation des classes d'amphores tardo-républicaines. Crédit F. Olmer

Sur ce graphique, ont été rajoutées la date du siège qui aurait concerné Alise-Sainte-Reine (et donc Alésia officiellement) ainsi que la fourchette chronologique la plus probable pour cet événement.

On constate qu'en 52 av.J.-C. les amphores Dressel 1A comptent encore pour la moitié des amphores en circulation alors qu'entre 40 et 35 av. J.-C. elles ne sont plus que résiduelles, situation du facies amphorique retrouvé à Alise.

 

 

NOTES ET REFERENCES :

(1) L'amphore vinaire italique type Dressel 1B :

http://archeologie-vin.inrap.fr/Archeologie-du-vin/Histoire-du-vin/Protohistoire/L-histoire/Echange-et-commerce/p-13143-Les-Dressel-amphores-de-vin-d-Italie.htm

(2) Au premier siècle av. J.-C. le vin d'importation est consommé en masse partout en Gaule, en témoignent les fragments retrouvés sur quelques-uns des principaux oppida : A Bibracte les fouilles anciennes et modernes ont permis de comptabiliser 350000 fragments soit 36000 amphores, à partir de ces chiffres un calcul a permis d'estimer qu'un million d'amphores auraient été consommées. F. Olmer, Les amphores de Bibracte-2  - Le commerce du vin chez les Eduens d'après les timbres d'amphores. (Glux-en-Glenne) Bibracte, 2003, p. 136. A Corent ce sont plus de 100000 amphores qui auraient été acheminées et consommées. D'après M. Poux «  on estime (…) à plusieurs millions d'hectolitres le volume total de vin importé en Gaule dans l'espace de moins d'un siècle. A Corent, mais aussi à Bibracte, Lyon ou Toulouse, les tessons d'amphores recouvrent chaque mètres carré de sol et sont si nombreux qu'on les réutilise pour paver les rues ou construire des routes ». M. Poux, Corent : voyage au coeur d'une ville gauloise, Errance, 2012, p. 134.

(3) Toutes les citations sont de Ph. Barral, La vaisselle céramique et les amphores, in : ALESIA : Fouilles et recherches Franco-allemandes sur les travaux militaires romains autour du mont-Auxois (1991-1997) sous la direction de M. Reddé et S. Von Schnurbein, vol 2, 2001, p. 110.

(4) A. Desbat, « L'arrêt des importations de Dressel 1 en Gaule », in : Actes du congrès de la SFECAG d'Istres, Marseille, 1998, 31-35, p.32.

(5) En réalité ce passage doit beaucoup à l'étude ci-après, quasiment reprise mot pour mot dans les pages 214 et 221. M. Poux et H. Selles Vin italique en pays Carnute : à propos d’un lot d’amphores Dressel 1, in : Actes du congrès de la SFECAG d'Istres, Marseille, 1998, 207-224.

(6) F. Olmer, op.cit., p 225.

(7) M. Séguier et G. Auxiette, Le Brassot à Etigny (Yonne) : un établissement rural de la Tène finale de la vallée de l'Yonne, in : Revue archéologique de l'Est, Tome 57, 2008, p. 16 et p. 21.

(8) Y. Deberge, U. Cabezuelo, M. Cabanis, S. Foucras, M. Garcia, K. Gruel, M. Loughton, F. Blondel et P. Caillat, L'oppidum arverne de Gondole (Le Cendre, Puy-de-Dôme). in : Revue archéologique du Centre de la France, Tome 48, 2009, p. 67.

(9) F. Laubenheimer, E. Marlière, Échanges et vie économique dans le Nord-Ouest des Gaules. Le témoignage des amphores du IIe s. av. J.-C. au IVe s. ap. J.-C., 1, Besançon, 2010, p. 29.

(10) J. Bénard, M. Méniel, C. Petit, Gaulois et Gallo-romains à Vertillum-160 ans de découvertes archéologiques, Infolio éditions, 2010, p. 149.

(11) F.Laubenheimer, E. Marlière, op. cit., p. 29.

(12) S. Fichtl, Les fouilles de la porte intérieure du site fortifié de la Chaussée-Tirancourt (Somme), In : Revue archéologique de Picardie. N°1-2, 1995, 135-148, p. 137 et 142.

(13) J.-L. Brunaux, M. Amandry, V. Brouquier-Reddé, L.-P. Delestrée, H. Duday, G. Fercoq du Leslay, T. Lejars, C. Marchand, P. Méniel, B. Petit, B. Rogéré. Ribemont-sur-Ancre (Somme). in : Gallia. Tome 56, 1999. 177-283, p. 273.

(14) Les amphores Dressel de Pommiers se situent toutes dans les groupes 3 et 4 (Avec large majorité de Dressel 1B) ce qui est cohérent avec ce que l'on doit trouver dans les niveaux les plus récents. B. Hénon, Les amphores dans la vallée de l'Aisne à la Tène finale, in : Revue archéologique de Picardie. N° 1-2, 1995, 149-186, p. 157-158 et p. 184. Sur la chronologie d'occupation de Pommiers voir Pion : « Pommiers (...) capitale de cité à partir du milieu de celui-ci, avant d'être à son tour détrôné par l'érection de la ville romaine aux alentours probables de 20/10 avant J.-C. » P. Pion, Émissions marginales et monnaies rebelles. Réflexion sur quelques anomalies dans la production et la circulation monétaire des Suessiones au Ier siècle avant J.-C. in : Revue archéologique de Picardie. N° spécial 22, 2005. 225-230. p. 225.

(15) J. Metzler, La chronologie de la fin de l'Âge du Fer et du début de l'époque romaine en pays trévire. in : Revue archéologique de Picardie. N°3-4, 1996. 153-163, p. 160.

(16) M. Poux, Y. Deberge, S. Foucras, J. Gasc, D. Pasquier, V. Guichard, F. Malacher, L'enclos cultuel de Corent (Puy-de-Dôme) : festins et rites collectifs, In : Revue archéologique du Centre de la France. T. 41, 2002. 57-110, p. 98.

(17) Il convient de noter la concurrence de nombreux types d'amphores hispaniques, présence normale à la fin du premier siècle avant notre ère. Pour les périodes précédentes, les éléments recueillis sont quasi-exclusivement italiques. T. Pertlwieser, Y. Deberge, Recherches sur les fortifications de l'oppidum de Gergovie. Fouille du rempart sud-ouest et de la Porte Ouest. Rapport intermédiaire de fouille pluriannuelle (2005-2007). Mirefleurs, Clermont-Ferrand : ARAFA, SRA d'Auvergne, 2006-2007. Voir aussi dans l'annexe 2007: « The bias towards the Dressel 1B and the moderate of non-republican vessels would suggets a date during la Tène D2b and the post-conquest périod (c 50-30 BC) for this amphora assemblage ». Les amphorae 2007, M.E. Loughton.

(18) A.  Py M. Sanchez, Lattara n°14, Corpus des céramiques de l’Âge du Fer de Lattes (fouilles 1963 - 1999), 2001, chap. 5, p. 113.

(19) « D'ailleurs, force est de constater que, dans les campagnes de la Gaule du Centre et du Centre-Est, comme en Languedoc du reste, les vins italiques sont encore généralement bien représentés après la Conquête et même jusqu'à l'époque augustéenne (...). Cette donnée, qui ne se vérifie ni dans la région lyonnaise ni dans l'ouest de la Gaule (...) ». M. Séguier et G. Auxiette, op. cit., p 16. Voir aussi : « …Il ne fait aucun doute que la répartition du commerce vinaire ne fut pas égale dans toutes les régions et que certains blancs demeureront demain en l'état (…). » D. et Y. Roman, Histoire de la Gaule, Fayard, Paris, 1997, p.581.

(20) « De nombreuses cargaisons de Dressel 1B, atteignant pour certaines jusqu'à 10000 unités, reposent encore aujourd'hui au large des côtes de Provence et d'Italie occidentale (…). Toutes ces cargaisons plus ou moins étroitement datées du second quart du 1er siècle avant notre ère, ont livré une même forme d'amphore, parfaitement conforme au type Dressel 1B. » M. Poux, Puits funéraire d’époque gauloise à Paris (Sénat). Une tombe d’auxiliaire républicain dans le sous-sol de Lutèce, Protohistoire Européenne 4, éditions Monique Mergoil, 1999, p. 32-35.

(21) M. Séguier et G. Auxiette, op. cit., p.16.

(22) B. Hénon, Les amphores dans la vallée de l'Aisne à La Tène finale, In : Revue archéologique de Picardie, N°1-2, 1995, p. 149-186, p. 157. Et aussi le chapitre « Timbres latins » sur Dressel 1 : p. 144 à 157, contextes du troisième quart du 1er siècle avant notre ère, nombreuses Dressel 1A, in : F. Laubenheimer, E. Marlière, op. cit.

(23) A. Jacques, G, Prilaux, Arras - Les fouilles Actiparc, in : Bibracte 14, Sur les traces de César, 2008, 47-62, p.57.

(24) Ph. Barral se contente de relever que l’armée qui a assiégé Alise-Sainte-Reine a utilisé des amphores et des céramiques provenant de la région : « Cet approvisionnement essentiellement local ne saurait nous surprendre, dans un contexte d’armée en campagne (…) La céramique du siège ne présente pas de caractères particulièrement originaux liés au contexte militaire et de surcroît elle ressortit presque exclusivement à des productions locales indigènes qui s’inscrivent dans une tendance chronologique au mieux réductible au demi-siècle, plus souvent identifiable avec la période la Tène finale-Auguste, sans plus de précision. » Ph. Barral, La vaisselle céramique et les amphores, in : M. Reddé et S. Von Schnurbein, op. cit., 105-110, p. 105 et 108.

(25) M. Mangin, Un quartier de commerçants et d'artisans d'Alésia : contribution à l'histoire de l'habitat urbain en Gaule, T. 1-2, Paris, Les Belles Lettres, 1981, p. 169-171. Pour l'atelier 32 voir p. 173. Toutefois, l'étude est assez ancienne et doit sans doute être revue à la lumière d'études plus récentes qui ont révélé par exemple une occupation, avec présence d'amphores vinaires Dressel 1, sur les sites d'En Curiot et de la Croix-Saint-Charles datés approximativement entre 80 et 50 av. J.-C. Cette mise à jour nécessaire des connaissances qui impliquerait - peut-être - de remonter la chronologie du premier horizon (1a et 1b) de 20 ou 30 ans ne remet de toute façon pas en cause la présence de Dressel 1A en proportion plus ou moins importante sur l'oppidum vers 50 av. J.-C.

(26) G. Lintz, Saint-Gence – Le village gaulois, Culture et Patrimoine en Limousin, 2012, p. 53-54 et p. 93-94.

(27) M.Joly, Ph. Barral, le sanctuaire de Mirebeau-sur-Bèze (Côte-d’Or), bilan des recherches récentes, in : Actes du XXIXE colloque international de l'association française pour l'étude de l'âge du fer, Bienne, 2005, 55-72, p. 65-66.

(28) Y. Deberge, V. Guichard, M. Feugère, D. Leguet, D. Tourlonias . Nouvelles recherches sur les travaux césariens devant Gergovie (1995-1999), in : Revue archéologique du Centre de la France. T. 39, 2000. 83-111.

(29) J.-P. Girault, Uxellodunum, la dernière bataille des Gaulois contre Rome, in : Archéologia n° 503. Les Arts de l'Islam et l'Orient romain et byzantin au Louvre, Oct. 2012, 38-55, p. 45-47. Pour plus d'informations : J.-P. Girault, La Fontaine Loulié au Puy d'Issolud. Le dossier archéologique du siège d'Uxellodunum, Glux-en-Glenne, Bibracte, 2013.

 

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