Bien loin des fantasmes et des approximations, les conclusions du mémoire sur les fouilles de 91/97 ont le mérite d'ancrer le siège d'Alise-Sainte-Reine dans une réalité chronologique qu'il n'est plus possible de nier. Nous sommes là, indubitablement, sur un événement qui a eu lieu au cours du 1er siècle av. J.-C., mieux, les artéfacts retrouvés permettent d'exclure le début comme la fin de ce siècle.

 

Pour autant, sommes-nous, tout aussi indubitablement, sur un événement du milieu du 1er siècle av. J.-C. ?

 

Les quelques études présentées ici démontrent que la réponse a cette question est loin d'être aussi « simple » qu'on le prétend :

 

1) La période couverte par la diffusion des objets retrouvés en fouille est beaucoup plus large que celle qui consiste à la limiter à l'épopée césarienne.

 

2) Cette période couvre bien, comme l'ont démontré les archéologues, la Tène D2b et donc la fin de l'époque républicaine. Cette période, qui fluctue un peu suivant les endroits et les chercheurs, peut être estimée à une trentaine d'années, et se situe globalement entre 55 av. J.-C. et 25 av. J.-C.

 

3) Mais, les indices de diffusion de la plupart des artéfacts (1) s'accordent mal avec un événement qui aurait eu lieu au début de cette période. Alors même, que la plupart des artéfacts s'accorderaient parfaitement avec un siège militaire entre 40 et 35 av. J.-C.

 

4) D'autre part, que faire de certaines descriptions précises de Jules César qui ne trouvent aucun parallèle sur le terrain ? Pas de montagne au nord... Pas de fossé de 20 pieds... Distances entre tours (plaine des Laumes)... Ordonnancement des défenses (plaine des Laumes)... Nombre de camps (et son corollaire, la taille des camps)...

 

Il est « facile », dans une publication scientifique reconnue, de faire admettre que le siège d'Alise-Sainte-Reine est bien celui d'Alésia. La complexité du sujet et certains indices favorables comme la présence d'une contrevallation et d'une circonvallation ou des artéfacts de la bonne période y contribuent. Certaines imprécisions du texte césarien aussi.

 

Autre complexité, s'il est facile de discriminer un contexte du 1er siècle av. J.-C. d'un autre qui serait postérieur au changement d'ère, il devient beaucoup plus délicat de distinguer un événement qui se situe dans une même séquence chronologique.

 

Pour autant, si on se donne la peine d'étudier et d'analyser, de manière exigeante, tous les aspects du volet archéologique du siège d'Alise-Sainte-Reine, et qu'on veuille bien prendre en considération les quelques données précises fournies par le texte césarien ; force est de constater que le site d'Alise se prête bien mal au rôle historique qu'on essaye de lui faire jouer. Dès lors, chercher Alésia ailleurs relève-t-il toujours de l'imaginaire ou s'inscrit-il plus vraisemblablement dans une démarche rationnelle ?

 

(1) Par exemple :

 

a) A l'inverse de la situation sur l'oppidum à la même époque, pas d'amphores Dressel 1A retrouvées dans les travaux de siège : plausible en 52 av. J.-C. ?

b) Des monnaies gauloises émises en 52 av. J.-C. ou peu avant : déjà usées à la même époque ?

c) Des monnaies en Orichalque : quelle existence en 52 av. J.-C. ?

d) Des fibules à charnière : déjà produites dès 52 av. J.-C. ?